Je me suis éveillée en sueur, toute trempée et passablement frissonante.
J'étais allongée dans un lit à baldaquin aux draps de satin blancs, et la chambre dans laquelle je me trouvais était vide, à l'exeption d'un miroir, d'une malle, d'une commode et de mon lit. Je n'ai que peu de souvenirs de ce qui m'a mené ici, et ma seule compagne est cette sourde douleur au crâne que je ressens, qui m'a sans doute réveillé.
J'entrevois des bribes de passé, ou je suis en train de boire du vin avec un visage étrange, je me vois à l'entrée d'un grand château, je me vois dans une calèche, je discute dans un salon empli de livres avec un homme fort agréable au regard... Mais je n'arrive pas à mettre en corrélation ces bribes de mémoire...
Tout tourne, je ne me sens pas bien, mais je dois me lever. Je veux savoir ce qui se passe.
La grande porte de chêne me fait face, et bien que massive je la pousse sans grandes difficultées.
Les couloirs sont pleins de courants d'airs, sifflants sans cesse sur ma nuisette longue, la pliant et la dépliant au gré de leurs envies capricieuses.
Collée contre la paroi je m'avance peu à peu, me retenant à chaque pas pour ne pas tomber, tremblante comme une feuille malmenée.
Soudain l'air se fige, et plus rien ne bouge. Je sens une présence dans mon dos, une présence palpable...