Vladimir n'avait pas eu grand mal à la rattraper, mais entrer dans ce bar fut plus difficile que prévu. Déjà, quand il poussa la porte, une forte migraine le prit sans crier garre. Dans cet établissement, il n'y avait rien d'autre qu'un odieux mélange d'horreur, de dégoût, de jubiltion, de craintes et de mécontentement. Sa vie quotidienne était déjà ponctuée par ce genre d'émotions, mais là, c'était peut-être un peu trop à son goût.
Une petite foule était rassemblée, et au milieu, une longue plainte, mêlée de sanglots et de toute la peine du monde, semblait-il. Cela lui fit le même effet que si on lui avait crier dans les oreilles, mais n'en fit rien, histoire de ne pas attirer les regards. Il fallait qu'il fasse quelque chose, au moins pour qu'il y ait moins de monde.
Se frayant un chemin, il se plaça devant les deux jeunes gens, et profitant de l'effet de sa haute taille et de son allure très rassurante (ironie), clama :
"Allez ! Allez ! Le spectacle est fini, y a plus rien à voir !"
Il y eut des protestations. Des "T'es qui, toi, pour nous dire ça ?" fusèrent à droite, à gauche. Il prit un air assuré, et eut un sourire méprisant. Mentir, il fallait mentir. Mais avec la plus grand assurance afin de tous les tromper.
"Je suis flic, alors circulez, maintenant !"
Que son mensonge soit passé ou non, la plupart s'en allèrent. Satisfait, il se retourna vers cette longue plainte qui le gênait, mais qu'il ne pouvait pas repprocher devant la vue du garçon. Il était vraiment en piteux état. Se plaçant un genou à terre à côté de la jeune fille. Il posa une main sur son épaule.
"Aller, relevez-vous. On s'est assez donné en spectacle comme ça." dit-il doucement.